« Vous faites bien d’amasser de l’argent pendant votre vie : on ne sait jamais ce qui arrivera après la mort. »
Montesquieu
L’idée de cet article est née :
de l’expérience de la difficulté ressentie par le psychothérapeute (a fortiori débutant) pour donner un juste prix à la séance de thérapie ;
de l’expérience du fait que la thérapie est un investissement humain qui a un prix tant pour le client que pour le thérapeute ;
d’une expérience personnelle de thérapie chère, voire abusive ;
de l’expérience de la pratique qu’ont certains thérapeutes de demander des paiements en argent liquide et de refuser les chèques ou les virements
bancaires ;
de la constatation que certains thérapeutes pourraient céder à la dépendance
financière en « prolongeant » inconsciemment ou consciemment la thérapie d’un
client ;
de la constatation que la thérapie peut ne pas être à la portée de tout un chacun
que ce soit pour des raisons financières et/ou culturelles ;
de l’expérience et de la constatation que le prix fixé pour une séance est rarement questionné voire débattu a priori.
Dans notre société où l’argent et le sexe sont encore tabous, on parlera malgré tout plus aisément de sexe que d’argent. En effet, peu de personnes sont vraiment à l’aise avec l’argent dans notre culture.
L’argent est autant le support des échanges économiques que le symbole, le miroir parfois douloureux des peurs et des résistances développées au cours de notre vie pour réaliser - ou pas - nos désirs et nos buts. L’argent établit la relation, le lien réciproque et symptomatique des valeurs qui président à notre être au monde.
Aussi, cet article se propose d’explorer quelques pistes de réflexion sur ce sujet plutôt sensible.
« On ne peut pas acheter la vie avec un chèque, ses actions sont trop élevées, on ne peut les acheter avec de l’argent. »
Ernesto Cardenal, Extrait de ‘Cri’
Selon le Petit Robert, la définition du prix est le rapport d’échange entre un bien et la monnaie. Il s’agit de donner un prix à la valeur de notre pratique. Echanger le « bien » - ou plutôt le service - qu’est une séance de thérapie contre un prix. Evaluer une prestation qui se déroule au jour et à l’heure fixés en échange d’honoraires.
Etymologiquement, honoraire vient du latin « honorare » qui signifie « accorder par honneur », traiter avec respect, estime et considération procurant de l’honneur et de la distinction. L’argent reçu par le thérapeute sert donc à lui rendre honneur et à souligner l’importance du service rendu au client tout en permettant au thérapeute d’être rétribué.
D’emblée, nous pouvons relever une opposition entre une valeur économique et une valeur humaine, entre le « marchand » et le « non marchand ». Ces deux valeurs ne se situent pas au même niveau.
Argent et valeur : comment harmoniser ces deux concepts ? Quel en serait le trait d’union, l’ajustement créateur ?
Plus particulièrement dans le domaine qui nous intéresse, à savoir la Gestalt, psychothérapie humaniste, quel est le prix économique et quel est le prix humain d’un tel investissement ? Comment prendre soin de la valeur de l’humain dans l’ici et maintenant du client ? Le don de soi du thérapeute dans sa pratique peut-il être mesurable ?
Le prix demandé pour une séance de thérapie est comme une sorte de révélateur de la valeur que le thérapeute se donne et que le client lui accorde. Une psychothérapie n’a pas de prix et a beaucoup de valeur. Personnellement, ma psychothérapie m’a sauvé la vie. La valeur d’une vie n’a pas de prix car elle est unique et irremplaçable.
La notion de valeur est une notion complexe, difficilement quantifiable car insaisissable, difficile à cerner.
Jusqu’où le client est-il prêt à payer pour la valeur d’un service dont il estime avoir besoin pour son évolution ? Jusqu’où le client reconnaît-il, par le prix donné à une séance, la valeur du professionnel qu’il consulte ? Payer sa thérapie est un acte important. C’est faire le choix de la responsabilisation, de ne plus être redevable au professionnel, d’être autonome. C’est une reconnaissance tant de la valeur du professionnel que de sa propre valeur qui permet au client de prendre responsabilité de sa vie.
« N’usez que de pièces d’or et d’argent dans le commerce de la parole. »
Joseph Joubert, Extrait des ‘Pensées, maximes et essais’
« N’usez que de pièces d’or et d’argent dans le commerce de la parole. »
Joseph Joubert, Extrait des ‘Pensées, maximes et essais’
Il me semble important d’adapter le cadre pour rester dans le lien thérapeutique tout en tenant compte de la réalité traversée par le client. Quelles sont les valeurs humanistes qui sous tendent l’ajustement créateur du cadre initialement fixé ? Quel prix ai-je accordé à la poursuite de la thérapie de ma cliente ? Comment tenir compte de son besoin de me consulter tout en respectant son état de santé qui, d’un jour à l’autre, s’aggravait ?
Comment adapter le cadre dans ces circonstances toutes particulières ? Qu’en est-il de la co-responsabilisation du cadre même s’il revient au thérapeute de tenir le cadre et de l’incarner ? D’un point de vue thérapeutique, la co-construction de ce cadre permet à la cliente de prendre responsabilité de sa vie en devenant sujet de son histoire.
Cas de Béatrice
Béatrice a été ma cliente pendant deux ans et six mois. C’était une magnifique femme, au début de la quarantaine, travaillant dans le milieu publicitaire. Elle était élégante, raffinée, d’une très grande profondeur d’âme. Neuf mois après un cancer du sein (mastectomie), elle a pris contact avec moi pour la première fois. Cette douloureuse expérience lui a fait prendre conscience de la mort qui lui faisait extrêmement peur. Elle, qui avait toujours tout contrôlé, ne maîtrisait plus rien et se vivait « noyée dans ses sentiments négatifs ». En repensant à sa vie, elle constatait s’être beaucoup trop effacée, en prenait conscience au fur et à mesure de son investissement thérapeutique.
Après un an et demi de thérapie, elle venait moins régulièrement, donnant la priorité à la maladie d’un beau-parent ainsi qu’à sa famille nombreuse. Après une interruption de six mois, en répondant à ses vœux de fin d’année, j’ai repris contact avec Béatrice. Elle m’a dit au téléphone avoir des métastases aux deux poumons depuis trois mois. Elle était heureuse de m’entendre. Elle n’osait plus en effet me contacter puisque cela ne se faisait pas de ne pas respecter ses engagements : ses deux derniers rendez-vous consécutifs avaient été annulés à la dernière minute.
A la fin de la première séance de reprise, elle m’a spontanément payé trois séances : la séance du jour et les deux manquées et non annulées dans le cadre des 48h qui précédaient le rendez-vous. A posteriori, je constate que le paiement des deux séances précédentes a eu lieu sans y mettre suffisamment de conscience. La réalité était tellement dure que la priorité était ailleurs. Il eût été peut-être important de mettre des mots sur l’expérience de la réparation de la cliente qui payait les séances manquées.
J’ai le souvenir d’avoir été vraiment très professionnelle dans cette séance de reprise particulièrement émouvante. Cela ne m’a pas empêchée d’avoir pleuré toutes les larmes de mon corps après que ma cliente ait quitté mon cabinet.
Elle n’y est revenue que deux fois. Son cancer évoluait, son autonomie diminuait. Elle a été hospitalisée. Elle a repris contact tout en partageant avec moi sa tristesse de ne plus pouvoir venir à mon cabinet. C’est alors que je lui ai dit que si elle le souhaitait, je pouvais me déplacer à l’hôpital compte tenu de ses conditions de santé. Ce fut pour elle un grand soulagement car elle ne voulait pas interrompre son cheminement thérapeutique. A l’hôpital on lui avait reflété qu’il y avait une thérapeute pour ses enfants et pas pour elle. Elle a alors parlé de notre lien thérapeutique. Elle me disait affronter la maladie dans de meilleures conditions suite à la thérapie qu’elle avait suivie avec moi précédemment. Avant, elle culpabilisait de n’être pas une mère suffisamment bonne et présente. Après, elle avait appris à accueillir la réalité qui était la sienne, ses limites physiques. Régulièrement, elle me disait combien le mot « accueillir » avait changé son existence. Elle m’avait aussi fait part de son souci de préparer sa mort.
Je me suis rendue à l’hôpital plusieurs fois. Ensemble nous avons réfléchi à propos de l’adaptation du cadre. Le prix de la séance a été légèrement révisé à la hausse pour tenir compte de mes frais de déplacement. J’ai pris conscience de l’influence de mon ancien cadre de référence familial (social défavorisé) dans ma manière d’être au monde ici et maintenant avec ma cliente, à la frontière contact entre le processus et l’environnement. Il m’était difficile, dans ce type de circonstance, d’augmenter le prix de la séance pour tenir compte tant de mes frais de déplacement que du temps passé pour me rendre auprès d’elle.
Les maladies opportunes aggravèrent son état de santé. Chaque jour pouvait la mettre en situation de ne pas respecter l’engagement pris pour la séance de thérapie.
Deux raisons majeures me mettaient en difficulté d’exprimer en valeur monétaire, de négocier pour adapter le cadre relatif au préavis d’annulation d’une séance :
j’avais l’impression de « perdre » du temps. Son pronostic vital étant fortement compromis, le plus important était ailleurs pour moi ;
je ne pouvais pas la laisser perdre de l’argent pour la seule fidélité à un cadre qui se révélait trop rigide, compte tenu de la dure réalité qu’elle devait vivre. C’eût été abusif de ma part si je n’avais pas considéré son incapacité à prévenir avant les 48h qui précédaient la séance.
Nous sommes convenues qu’elle me préviendrait deux heures avant le début de la séance si son état de santé ne lui permettait pas de participer à la séance prévue. Pour le cas où l’annulation de la séance interviendrait moins de deux heures avant le rendez-vous fixé, elle me devrait la somme symbolique de deux euros au lieu du prix d’une séance.
Cela respectait tant la dignité de la cliente que mon rôle de psychothérapeute. Ce paiement symbolique permettait à Béatrice de se rendre autonome, elle n’était plus redevable à mon égard.
Cela ne fut pas chose aisée car parler d’argent au regard de sa maladie grave me paraissait particulièrement indélicat. Lors de notre dernière séance, ma cliente ne m’a pas payée car son mari est arrivé plus tard que prévu. Elle m’a dit qu’elle me paierait la semaine d’après.
Subitement, son état de santé s’est irréversiblement aggravé. Elle est décédée quelques jours plus tard.
Cette dernière séance ne me sera jamais payée car je n’imagine pas un seul instant me manifester auprès de son mari à ce propos. Cela me semblerait d’une telle indécence tant par rapport à la famille durement affectée qu’eu égard au lien fort et profond que nous avions construit ensemble. Cela reviendrait à bafouer ma valeur de respect, à commettre une sorte de sacrilège.
Dans ces conditions, le post contact n’a plus été possible. Je n’ai malheureusement pas pu dire au revoir à Béatrice.
« L’argent, ah ! Fléau des humains ! » Sophocle, Extrait de ‘Antigone’
Le code de déontologie du psychothérapeute précise notamment, que « Le client a droit à la dignité, au respect et à l’intégrité de sa personne physique et mentale ».
C’est notre devoir de servir le client et l’argent est aussi une récompense que nous recevons pour le service rendu. Plus le service a de la valeur, plus la récompense est grande. A partir de quand le thérapeute n’aurait-il pas un comportement abusif à l’égard de son client en demandant un prix que celui-ci estimerait exagéré ?
a) Mon expérience d’honoraires excessifs (en tant que cliente)
J’ai suivi une thérapie avec un médecin psychiatre durant plusieurs années. Les séances de quarante cinq minutes coûtaient 110 € en 2002. Il souhaitait être payé en argent liquide uniquement. Je bénéficiais d’un remboursement de la sécurité sociale. Une partie était ainsi prise en charge.
Un jour, ce thérapeute m’a informée d’un changement unilatéral de cadre pour tous ses patients. Dorénavant, il demanderait de payer une séance d’avance. J’aurais pu le questionner sur la raison de cette décision. Je ne l’ai pas fait, j’ai rétrofléchi et je suis restée avec une sensation de malaise. Cette séance payée d’avance était dans le champ de nos séances suivantes, même si je n’y ai jamais fait une référence explicite. Je crois que j’en avais peur et qu’en parler aurait pu mettre un terme à mon parcours thérapeutique. C’eût été prématuré pour moi à l’époque. Je n’y étais pas prête.
Quelques deux ans plus tard, il récidive. Alors que je prenais plusieurs rendez-vous successifs, sa secrétaire m’a signalé que, dorénavant, les rendez-vous ne seraient retenus que si payés anticipativement. J’imagine que ce thérapeute voulait probablement contrecarrer toute idée de perte.
Je me sentais sous tension : ma situation financière était devenue difficile du fait de mon divorce. Je trouvais cela de plus en plus lourd. C’était injuste. Il allait trop loin. Je n’ai rien dit. J’ai rétrofléchi une fois de plus. Un jour, j’ai pris téléphoniquement rendez-vous pour trois séances consécutives. Il était convenu qu’il me fallait les payer endéans les deux ou trois jours, afin de confirmer définitivement ces séances.
J’ai téléphoné à sa secrétaire une semaine plus tard pour lui signaler que mon retard était dû à une période professionnelle particulièrement chargée. C’est alors qu’elle m’a signalé que mes séances avaient déjà été attribuées à d’autres patients. Après un instant de stupeur et de silence au téléphone, je lui ai dit que je reprendrai ultérieurement contact avec elle. J’ai raccroché. J’étais dans une grande colère. Je vivais quelque chose d’une violence inouïe. J’ai rétrofléchi une fois de plus et je n’ai plus jamais rappelé ce médecin. Je me suis sentie non respectée. Ce comportement fut la goutte qui fit déborder le vase. J’ai instantanément senti que quelque chose venait de prendre fin. J’ignorais alors quoi.
Que s’est-il passé avec ce médecin pour que je n’aie pas d’autres choix que de rétrofléchir ? Ce thérapeute et mon père ont tous les deux représenté une autorité pour moi. L’attitude unilatérale de ce médecin, que je n’étais pas en mesure d’affronter à l’époque, m’a rappelé l’autorité écrasante de mon père.
Cette situation d’abus est d’autant plus fragilisante, compte tenu du lien affectif puissant qui se noue avec un thérapeute. Dans une autre situation sans lien affectif, l’impact eût été totalement différent.
Après quelques semaines de réflexion, j’ai choisi un autre thérapeute pour poursuivre mon cheminement thérapeutique.
Je pense régulièrement à ce psychiatre. L’homme est intellectuellement brillant. J’ai appris tant de choses avec lui. Il m’a fait lâcher une colère monumentale dont je n’arrivais pas à me libérer depuis des années. Il m’est souvent arrivé de vouloir lui téléphoner pour reprendre un rendez-vous, lui exprimer ce que j’ai encore à lui dire à ce propos, et clôturer le travail avec lui, terminer la Gestalt restée inachevée.
Malheureusement, la confiance était rompue suite au contexte abusif des modalités de paiement des séances de thérapie.
Dans cette expérience, j’ai dû me laisser vivre cet abus, jusqu’au moment où j’ai considéré que le thérapeute avait « dérapé ». Le déclic s’est produit lorsque j’ai appris que mes séances avaient été attribuées à d’autres patients, faute de paiement anticipé rapide des séances réservées.
b) Cas de Doris
Dans ma posture de psychothérapeute, cette expérience m’a appris que, quelle que soit la qualité humaine et la formation professionnelle d’un thérapeute, aussi brillantes soient-elles, il y a des limites à ne pas dépasser tant pour la traduction économique de la valeur professionnelle d’une prestation que pour l’acceptation de cette situation par le client.
b) Cas de Doris
Doris a été ma cliente pendant cinq mois (dix séances). C’est une grande femme d’une trentaine d’années, travaillant dans le milieu de la mode, d’allure sportive, très dynamique. Elle vient en thérapie pour explorer des difficultés de couple. Maman de jumeaux nés prématurément, elle découvre que son mari a une liaison extra conjugale depuis plusieurs années. Son univers bascule. Elle se dit péricliter car elle ne sait plus où elle en est, se sent « morte à l’intérieur ». Elle vient pour tout reconstruire et se battre pour récupérer son mari. Entretemps, celui-ci perd son emploi et leur situation financière se complique.
Son médecin la met en arrêt maladie. Suite à un contrôle du médecin conseil, elle me demande une attestation de suivi psychothérapeutique pour pouvoir continuer à bénéficier du remboursement de la sécurité sociale. Je réponds favorablement à sa demande. Je reçois ensuite un sms me signalant qu’elle ne se sentait plus la force de continuer la thérapie, qu’elle préférait reprendre quand elle se sentirait plus reposée. Je n’ai plus jamais eu de ses nouvelles.
En tant que professionnelle de l’aide, cette expérience me donne la sensation d’avoir été utilisée car elle me met en porte à faux vis-à-vis du médecin-conseil de l’institution qui la rétribue durant son congé de maladie. En effet, elle perçoit indûment des indemnités alors qu’une partie du contrat – à savoir la poursuite de sa thérapie – n’est pas remplie.
« Vous avez entendu cette doctrine avec horreur Que tout chacun tient le même droit pareillement de propre nature, En sorte que celui des autres est un tort qui lui est fait. Ainsi il n’y a plus rien à donner. Voici qu’il n’y a plus rien de gratuit entre les hommes. »
Paul Claudel, ‘L’Otage’
L’exercice de la psychothérapie peut s’effectuer soit chez un thérapeute installé en privé ou en libéral, soit chez un thérapeute exerçant dans le cadre d’une institution. Habituellement, le prix d’une séance de psychothérapie est rarement questionné, voire débattu a priori. Il arrive cependant que, dans certains cas précis, le client soit amené à ne pas pouvoir continuer sa cure thérapeutique pour des raisons économiques suite à des circonstances imprévues.
Deux possibilités peuvent se présenter parmi d’autres :
soit le client, déjà en thérapie, nomme sa difficulté pour continuer à payer le prix fixé. Le thérapeute et lui peuvent négocier le prix qui serait ajusté en fonction de la réalité tant du client que du thérapeute ;
soit le client change de thérapeute pour s’adresser à une institution lui permettant de payer le prix qui est dans ses possibilités financières.
Lorsque le client s’adresse à une institution pour effectuer sa thérapie, il sera suivi par un psychothérapeute payé par l’institution ou les assurances. Entre le client et son thérapeute intervient alors la société qui contribue au paiement des honoraires du thérapeute. Le client paiera le « ticket modérateur1 ».
Par contre, quand le client peut nommer ses difficultés financières avec son thérapeute et ajuster le prix de la séance à sa réalité, l’interaction entre le client et son thérapeute est une opportunité de croissance pour le client. La problématique de l’argent devient alors un levier puissant qui permet de faire travailler le client à d’autres niveaux. C’est également une opportunité pour faire émerger l’archaïque du client par le thérapeute.
Quelle est la spécificité de notre pratique humaniste gestaltiste en tenant compte du principe de réalité d’un monde toujours plus difficile économiquement pour une partie importante de la population ?
Quid de la notion de solidarité, de générosité d’âme dans le lien thérapeutique ? Y aurait-il un droit voire un devoir de gratuité ? La question mérite d’être posée.
a) Deux exemples de cas vécus par des collègues
SG a été contacté par un client russe qui voulait suivre une thérapie sans en avoir du tout les moyens. Le thérapeute a accepté sa demande de thérapie mais, en échange, son client l’aiderait à corriger ses fautes dans cette langue qu’il souhaitait perfectionner.
GC a suivi une femme qui avait contacté un centre pour femmes battues. Le fait qu’elle paie un montant symbolique pour sa thérapie n’a aucunement entamé tout l’investissement qu’elle a mobilisé pour traverser une période de vie particulièrement éprouvante.
b) Mon expérience de thérapie gratuite
Durant une période financièrement délicate de mon divorce, je n’avais plus les moyens de payer régulièrement ma thérapie. Mon thérapeute de l’époque m’a permis de poursuivre mon travail thérapeutique en m’autorisant une gratuité provisoire pendant plusieurs mois voire une année. Je payais au fur et à mesure de mes rares possibilités d’alors. Je tenais les comptes à jour et lui présentait périodiquement un décompte de la situation jusqu’au jour où j’ai pu lui payer d’un coup le solde restant dû. Ce thérapeute m’a clairement dit qu’il me faisait une totale confiance. Le caractère exceptionnel de cette gratuité m’a fait vivre, à la frontière contact avec mon environnement, une situation de confiance dont je n’avais pas l’habitude et qui m’a renforcée dans mon cheminement thérapeutique.
L’investissement psychique est-il toujours directement proportionnel au prix payé ? Personnellement, je ne le pense pas. Néanmoins, la pratique de psychothérapeutes longuement expérimentés plaide pour plus grande implication et donc, responsabilisation du client, lorsqu’il n’y a pas gratuité des séances. Leur progression personnelle est aussi plus rapide. Il y a ainsi renforcement du moi.
Le manque de considération, révélé par le fait que n’aurait une valeur que ce que l’on paie, plaiderait pour l’importance d’un paiement - fût-il symbolique - dans le processus thérapeutique.
Selon Serge et Anne Ginger, si l’on connaît déjà bien son client et qu’il éprouve des difficultés financières passagères, on pourra envisager un crédit, mais la dette aliène le client et le rendra souvent agressif plutôt que reconnaissant ! Le paiement sous forme de services rendus (secrétariat, rangements, etc.) pose souvent des problèmes aussi : il crée une relation parallèle à la relation thérapeutique, ce qui fausse cette dernière. Mieux vaut donc carrément consentir un rabais provisoire. On peut aussi envisager éventuellement une réduction de la durée des séances ou leur espacement.
Selon l’expérience de Michel Delbrouck, le crédit pourrait aussi parfois engendrer l’agressivité du thérapeute qui ne se sentirait pas suffisamment bien payé. Peut-être que s’y grefferait la question de la honte, du sous ou surinvestissement narcissique lié à l’argent et à ce qu’il représente symboliquement tant chez le client que chez le thérapeute. Celui-ci pourrait se dire « Je suis un thérapeute de seconde zone qui ne se fait pas bien payer et je reçois des clients de seconde zone » ou, au contraire, « Je suis grand beau et fort car je gagne beaucoup d’argent et ma clientèle est composée de bien nantis et de gens qui réussissent dans la vie ».
Quelles qu’en soient les modalités, payer directement son thérapeute est une démarche qui favorise la prise de responsabilité pour évoluer et accéder à l’autonomie qui est l’ouverture à l’incertitude, à l’accueil serein de ce qui arrive.
« La vraie valeur de l’homme réside, non dans ce qu’il a, mais dans ce qu’il est. »
Oscar Wilde
Selon Pierre Pradervand, dans les temps anciens, la peur était née d’une immense insécurité matérielle. Aujourd’hui, nos besoins de base sont couverts mais nous avons toujours la peur, simplement elle a changé d’objet : c’est l’économie qui a remplacé la peste, l’enfer ou la guerre comme sources de peur ; d’où la tentative de se prémunir de la peur par la possession d’argent. Nos économies vivent une véritable boulimie d’argent.
Serait-ce cette boulimie d’argent qui a plongé nos amis grecs dans une récente violence sociale, qui a fait trois morts, menaçant un plan d’austérité indispensable au redressement de l’économie grecque dans le cadre de la zone euro ? L’appel de l’argent est aussi à considérer dans le contexte de ce qu’il a été nécessaire de « sacrifier » pour l’obtenir. Ce qui est important ce n’est pas la valeur de l’objet que nous avons obtenu mais le prix – quel qu’il soit, a fortiori humain - qu’il a fallu payer pour l’obtenir.
« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors seulement vous vous apercevrez que l’argent ne se mange pas. »
Proverbe des Indiens Cree du Canada
La thérapie est l’apprentissage de l’autonomie. Quid du thérapeute n’ayant pas fait l’expérience d’une autonomie suffisante par rapport à l’argent ? Comment pourrait-il accompagner avec authenticité le client dans l’exploration des aspects financiers de sa problématique ?
Quand pouvoir dire que le montant de la séance est assez élevé pour que le thérapeute se sente en équilibre intérieur suffisant et puisse ainsi pratiquer des prix raisonnables ?
La contrepartie monétaire qui, au début, a été créée pour faciliter les échanges entre les hommes deviendrait-elle l’étalon de référence des valeurs humaines ? A l’instar d’une partie de la société qui voue un culte à ce Veau d’or moderne qu’est l’argent, certains thérapeutes pourraient se laisser séduire par ce « chant des sirènes » et céder à la boulimie de l’argent.
Ce type de conduite pourrait alors ressembler à des troubles du contrôle des impulsions. Cette impossibilité à contrôler l’idée, le geste, l’action serait liée à un déséquilibre de la sérotonine.
En Gestalt, dans le cycle du contact, ce trouble se situe au niveau du pré- contact (çà) à la frontière contact avec le client en l’occurrence. Il serait fondamental d’en prendre conscience, de laisser émerger la tension, la sensation qui est présente. Peut-être pourrait-il en émerger de la peur ? La peur du manque ? La peur du vide ? La peur du vide serait-elle compensée par le fait de gagner beaucoup d’argent ? S’agirait-il d’une autre émotion ? Quelle place prendrait cette émotion dans notre vie pour induire des honoraires excessifs et répétitifs ? Serait-ce une pulsion du subconscient ? Dans quelle mesure constituerait-elle un obstacle à notre épanouissement en tant que professionnel de l’aide ? Qu’est-ce que l’argent représenterait ? Quel en serait l’enjeu ? Quid de l’éventuelle difficulté de ne pas avoir suffisamment les « moyens » ?
Le thérapeute pourrait être tenté par une accumulation financière pour le plaisir de conserver, de thésauriser (en lien avec le stade anal II). Certains thérapeutes pourraient persévérer dans leurs comportements et induire ainsi des effets secondaires préjudiciables pour leur pratique (perte de clientèle, par exemple).
Nous pourrions aussi avoir affaire à un problème de narcissisme en lien avec un problème de honte, de manque, une faiblesse du « moi » qui serait compensée par un niveau de vie ostentatoire.
A l’inverse, un thérapeute pourrait hésiter à se faire suffisamment honorer et demanderait des honoraires inférieurs à ce qui est habituellement pratiqué dans son même groupe social à formation et ancienneté équivalente. S’il s’agit d’un choix d’ordre philosophique ou politique, dans un contexte de population défavorisée par exemple, il y a affirmation d’un modus operandi en toute conscience, ce qui, dans ce cas, ne soulève aucune objection. Par contre, si c’est le résultat d’un manque d’estime de soi, d’une insuffisance de la conscience de qui l’on est, de sa position dans la société et du rôle qu’on y joue, il s’agit alors d’une difficulté d’un autre ordre.
Selon Michel Delbrouck, l’argent peut avoir comme équivalents symboliques les affects et une traduction des valeurs narcissiques que l’on se porte à soi-même car il donne sécurité physique, biologique et alimentaire et procure un sentiment de puissance, de prestige, d’estime de soi et d’amour propre. Guyotat va parler, en paraphrasant Winnicott, d’objet transactionnel. L’argent évoque alors échange, négociation, commerce et relation entre individus.
L’argent est également symbole de la libido, c’est-à-dire d’énergie psychique. A ce titre, la présence tangible de l’argent au sein de la relation thérapeutique prend du sens et est signifiant d’investissement et d’engagement personnel dans le processus thérapeutique.
La seule vraie sécurité ne peut jamais se trouver au niveau matériel. En créant notre ancrage en nous même, ailleurs que dans l’argent, nous élargirons nos horizons de possibilités insoupçonnées contribuant à renforcer notre richesse intérieure.
« Une chose n’a pas une valeur parce qu’elle coûte, comme on le suppose, mais elle coûte parce qu’elle a une valeur. »
Etienne de Condillac
L’équité veut que chacun soit traité selon ses besoins et non selon ses moyens. Les moyens nécessaires étant accordés par les praticiens ou apportés par la société.
Il est légitime que le prix demandé par le thérapeute tienne compte de l’investissement de sa formation initiale, de son installation, de sa formation permanente ainsi que de son environnement en pratiquant un prix en équilibre avec les prix raisonnables pratiqués par ses pairs. Il est également important que le thérapeute agisse en citoyen responsable par le paiement des impôts sur ses revenus.
Il en va de l’authenticité et de l’intégrité du thérapeute de trouver l’équilibre à la frontière contact entre lui et son environnement, entre le binôme qu’il forme avec son client et son environnement dans la société civile en harmonie avec ses propres valeurs humanistes.
Lorsque le client arrive dans notre cabinet et vient y déposer son âme, ses croyances, ses souffrances, sa spiritualité, son amour, sa sexualité et même tout ce qu’il estime être les « scories » de sa vie, payer le prix de la séance revient à ne pas être en dette par rapport à son thérapeute. C’est une liberté qui fait avancer le client sur le chemin vers l’autonomie. Payer constitue également une manière pour le client de « célébrer » son thérapeute, de lui manifester son appréciation, sa gratitude.
Pour Michel Delbrouck, le montant de la séance de thérapie correspond au montant auquel le thérapeute s’estime et pour lequel le client s’estime valoir. Un consensus conscient ou inconscient, verbalisé ou pas, permet aux deux parties de s’accorder. Chaque homme connaît inconsciemment sa propre valeur et les problèmes surgissent dès que l’on surestime ou sous-estime ses capacités.
Sous-estimer le prix d’une séance reviendrait même à brader un diplôme. La détermination du prix sera toujours un compromis, une approximation, un point d’équilibre entre la valeur marchande et la valeur non marchande. Si un prix trop élevé pourrait être abusif, l’inverse pourrait faire douter le client de la capacité professionnelle du thérapeute. La synthèse est toujours difficile.
Serge et Anne Ginger estiment qu’il convient de se fixer un tarif de base « normal » et de consentir éventuellement des tarifs spéciaux aux personnes en difficultés économiques : étudiants, chômeurs, familles nombreuses ou monoparentales... mais avec parcimonie. Les gens apprécient peu le statut « d’assisté » et cela retarde leur conquête d’autonomie, l’un des objectifs de la thérapie. D’autre part, on sera parfois surpris de constater qu’une cliente, à qui l’on a consenti des tarifs spéciaux, part en vacances au Club Méditerranée, ou se présente à chaque séance avec des vêtements de marque...
Outre la valeur que le psychothérapeute donne à sa pratique, les contraintes économiques font partie intégrante de sa réalité professionnelle. Il est donc légitime de s’organiser une sécurité financière suffisante pour éviter une possible tentation inconsciente ou consciente de retenir le client. Il pourrait être conseillé de ne pas mettre tous ses « œufs économiques » dans le même « panier professionnel ». Cette liberté d’action contribuera à notre cheminement vers notre richesse intérieure.
Quel est alors le juste prix d’une séance de psychothérapie ? Pour nous, psychothérapeute humaniste, le prix sera juste s’il est en équilibre pour le thérapeute, le client, l’environnement professionnel et extérieur.
« L’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître. » Lord Bacon
La croissance intérieure est une valeur qui n’a pas de prix. Comment fixer le prix de la thérapie au mieux des intérêts du client et du thérapeute ? Quel serait l’ajustement créateur à l’environnement qui est le leur ?
Un psychothérapeute « autonome » doit disposer de l’indépendance nécessaire pour qu’aucun intérêt – y compris son intérêt matériel – ne passe avant celui de ses clients. La bienveillance impose une obligation de moyens correspondants aux formations et capacités professionnelles reconnues par son organisme professionnel de référence.
Dans la posture du Gestalt thérapeute, le « moi » n’est jamais séparé de son environnement. Quid du civisme du psychothérapeute qui ne paierait pas les impôts résultant de sa pratique ? Comment peut-il apprendre à son client à prendre responsabilité de ses actes en lien avec l’environnement si le thérapeute ne le fait pas lui-même ? C’est aussi la raison pour laquelle la pratique déclarée est indispensable pour l’obtention du Certificat Européen de Psychothérapie (CEP) outre le fait qu’il s’agit également d’une obligation légale.
Lorsqu’un thérapeute, médecin ou psychologue, pratique des prix exagérés, est-il dans la conscience que ses études ont été principalement prises en charge par la collectivité puisque subventionnées pour l’essentiel avec l’argent du contribuable qui finance les formations universitaires avec les impôts de la collectivité ?
A moins d’être propriétaire d’une fortune colossale, personne ne pourrait se payer seul un enseignement universitaire aussi performant.
Il y a donc eu partage des frais avec l’environnement. Pourquoi les frais seraient-ils collectifs et les bénéfices uniquement individuels ? Il serait indécent de pratiquer des prix qui ne tiendraient pas compte de l’environnement, a fortiori lorsque le thérapeute ne déclare pas au fisc la totalité des revenus issus de sa pratique thérapeutique.
En considérant la nécessité économique de vivre dignement, comment le thérapeute peut-il tenir compte de ce principe de réalité-là ?
Déclarer tous ses revenus revient par conséquent à tenir compte de l’environnement en agissant comme citoyen responsable et ainsi comme professionnel intègre payé pour aider le client à se responsabiliser, à devenir un adulte toujours plus autonome.
Payer ses impôts signifie également que l’on a la chance de pouvoir gagner sa vie de façon suffisamment digne dans un monde où coexistent des personnes en grande précarité économique, voire sans domicile fixe. Pourquoi ne paierions-nous pas au fisc en pleine conscience et, pourquoi pas avec joie, la part de nos revenus qui contribuerait à la nécessaire évolution de la société dans laquelle nous sommes en interaction constante (infrastructure routière, fourniture d’eau, gaz, électricité, accès aux écoles et aux transports publics, etc.) ?
Quel regard éthique porter sur le prix d’une séance dans le cadre de l’exercice de la psychothérapie ? L’éthique agit alors comme antidote à des comportements injustifiables. Si l’on ne questionne pas le prix de la thérapie, quelle est la place de l’éthique ?
Le prix fixé pour une séance de thérapie ne correspondra jamais à une traduction économique d’un investissement humain de manière égale. L’essentiel est de le rendre équitable. Comment le client peut-il déployer sa problématique en toute sécurité si le cadre éthique n’est pas respecté par le thérapeute ?
Un professionnel engagé se doit d’être cohérent, d’harmoniser sa posture thérapeutique avec sa vision de l’existence.
En tant que thérapeute humaniste, nous nous devons d’exercer notre profession dans l’attitude la plus éthique et intègre possible, dans l’intérêt de notre client. Une part de la grandeur de notre profession se traduit par la générosité pour développer une alliance thérapeutique de qualité au profit de notre client.
« Celui qui sait qu’il a assez est riche. » Tao te Ching de Lao Tseu
Quand, avec bonheur, ma collègue AG envoie de l’argent comme cadeau à sa petite fille, il s’agit d’une manifestation de toute l’énergie d’amour qu’elle lui porte. Lorsque je suis heureuse d’envoyer de l’argent à ma fille pour l’aider à poursuivre ses études universitaires en Italie, je lui exprime l’immense énergie d’amour que je ressens pour elle. Je lui offre de la sorte tout mon soutien à la réalisation d’un projet qui lui tient à cœur. Lorsque nous vivons la joie de soutenir par un paiement, voire un ordre permanent – quel qu’en soit le montant - un ou plusieurs projets de développement dans un pays défavorisé, nous faisons circuler l’argent que l’univers nous accorde comme énergie d’amour à partager.
Comment transformer la problématique de l’argent en énergie d’amour dans notre posture de psychothérapeute afin de faire avancer notre client sur le chemin qui est le sien ?
« Charité bien ordonnée commence par soi-même ». Notre vécu détermine nos définitions de la réalité et vice-versa. Et nous le transmettons, consciemment ou inconsciemment, à notre client. Par conséquent, un professionnel se doit de rester impliqué tant dans un travail personnel que dans une supervision et une formation permanentes pour exercer de la manière la plus éthique possible. C’est une responsabilité à laquelle le thérapeute doit s’engager et pour laquelle il perçoit aussi ses honoraires.
Dans les stages « Vivre autrement » sur l’argent, Pierre Pradervand propose quelques pistes à la simplification de la vie : remplacer l’accumulation matérielle par la richesse intérieure, la course vers l’avenir par le vécu de l’instant présent, l’apparence et le paraître par la vraie substance et l’être, etc.
Pour cet auteur, quand on commence à lâcher prise, à gérer l’argent comme une énergie d’amour qui traverse notre vie et dont nous avons à prendre soin selon notre plus haut niveau de conscience, on ressent une joie et une liberté indicibles et les solutions arrivent.
Comme Gestalt thérapeute, voilà une belle opportunité de vivre pleinement l’instant présent en harmonie avec notre environnement et dans la confiance en la générosité de l’univers.
Mon père a quitté sa Sardaigne natale pour venir travailler dans les mines de charbon en Belgique dans le cadre d’un contrat passé entre les gouvernements belge et italien : des hommes en échange de tonnes de charbons. Comme immigrée de seconde génération, j’ai grandi dans la précarité. Notre insécurité matérielle était récurrente : j’ignorais chaque année si j’allais pouvoir poursuivre mes études, notamment. Quand nos difficultés devenaient trop éprouvantes, mon père – très croyant et pratiquant – répétait toujours « Dio provederà » (Dieu y pourvoira). Nous avons toujours eu un toit et une alimentation suffisante.
Mon père avait le cœur « à taille d’océan » : notre maison était toujours ouverte et notre table pouvait toujours recevoir l’invité de passage. Quelle que soit la saison de notre vie familiale, nous partagions : avec l’aide de ma mère, c’était sa manière à lui de célébrer la vie !
BIBLIOGRAPHIE
BOUILLOUD Jean-Philippe (coordinateur), Argent, valeurs et sentiments, Les cahiers du laboratoire de changement sociale n°8, Editions L’Harmattan, 2004, Paris
DELBROUCK Michel, L’argent en médecine, in Revue Santé Conjuguée n°27 pp.30-37, Janvier 2004, Bruxelles
DELBROUCK Michel, Psychopathologie, Editions De Boeck Université, Mars 2007, Bruxelles.
EAP, Code de déontologie, traduction française par la FF2P http://www.psychotherapie.asso.fr
GALLOIS Thierry, Psychologie de l’argent, Editions J’ai lu, 2008, Paris
GINGER Serge et Anne, Guide pratique du psychothérapeute humaniste, Editions Dunod, 2008, Paris
KOUBI Geneviève et GUGLIELMI Gilles J., La Gratuité, une question de droit ?, Editions L’Harmattan, 2003, Paris
PRADERVAND Pierre, Gérer mon argent dans la liberté, Editions Jouvence, 2004, France