La gestalt-thérapie a été élaborée par un petit groupe d’individus, les 2 noms les plus connus étant F .PERLS et P. GOODMAN.
Le livre fondateur « GESTALT-THERAPY » a été publié à NEW-YORK en 1951.
Le « père fondateur » est F.PERLS, psychanalyste juif allemand..
Outre sa formation de psychanalyste freudien, (qu’il pratiqua jusqu’à 50 ans)il fut imprégné de divers courants psychologiques ou philosophiques qui vont contribuer à la naissance de ce nouveau modèle psychothérapeutique qu’est la gestalt-thérapie.
Parmi les modèles qui ont contribués de manière déterminante à l’élaboration de la Gestalt, citons :
la psychologie de la Forme ou Gestalt-psychologie. Perls fut initié à cette approche par son épouse, Docteur en gestalt-psychologie et par son travail comme assistant de GOLDSTEIN, également spécialiste de la psychologie de la forme (le nom le plus connu étant LEWIN.
la phénoménologie et l’existentialisme.
des psychanalystes dissidents.J e ne citerai que W. REICH.Celui-ci fut un des analystes de Perls.Il a contribué à sensibiliser Perls à la dimension corporelle.
La forme finale de la gestalt-thérapie s’élaborera aux Etats-Unis(où les Perls étaient arrivés, fuyant le nazisme). Ils vont y rencontrer un groupe de penseurs qui vont donner une forme plus construite à leurs idées. C’est ici qu’apparaît Paul GOODMAN,seconde figure déterminante dans l’élaboration du modèle initié par PERLS.
Dans l’évolution ultérieure de la Gestalt-Thérapie, GOODMAN a supplanté Perls dans
l’influence sur les futures générations de gestalt- thérapeutes.C’est lui qui a le plus spécifié la G-T et l’a rigoureusement affirmée comme thérapie du champ.
1- Le concept de « Gestalt »
Mot allemand qui signifie « forme » ou « figure ».La notion de forme est toujours à mettre en rapport avec un fond.
Pour un individu donné, en« bonne santé psychique « , il y a sans cesse formation puis destruction
Ex. : la figure « j’ai soif » émerge, je vais alors satisfaire ce besoin.Cette figure retourne alors en arrière plan (dans le fond) et une autre figure peut apparaître : « je désire parler à ma femme d’une difficulté que j’ai vécue aujourd’hui », cette seconde figure ayant trouvé une réponse, elle retourne à son tour dans le fond et une 3e
La Gestalt-thérapie va s’intéresser aux figures ou formes qui n’arrivent pas à émerger,c’est à dire quand il y a blocage dans ce processus de formation de certaines figures.
Exemple : la recherche d’intimité peut être une figure qui n’arrive pas à l’avant-plan parce que divers introjects viennent empêcher ce contact de se faire et nous aurons, par exemple , un patient qui parle sans arrêt, s’empêchant de vivre une atmosphère à charge émotionnelle trop forte pour lui. Si parler sans discontinuer peut-être une modalité d’évitement,d’autres peuvent être simultanément présentes :raideur corporelle, détournement du regard, discours très rationnel, etc..
La G-T vise à restaurer une fluidité dans l’émergence de nouvelles figures, dans ce flux continu : émergence d’une figure neuve/retour dans le fond, laissant place à un nouveau cycle de figure peut apparaître,etc..
Cette fluidité dans le cycle formation/destruction des gestalts est une définition de la santé mentale selon la G-T.
La G-T s’intéresse au processus, au comment(ce que j’observe) la figure n’arrive pas à émerger.En cela , elle accorde une place secondaire au contenu.
La G-T pense qu’une « gestalt inachevée » va régulièrement réapparaître pour tenter de se compléter,cherchant à atteindre la satisfaction du besoin ou la conscience du désir.La notion de gestalt inachevée se différencie de la notion psychanalytique de compulsion de répétition.
2- Le concept de champ
C’est un concept majeur, mais utilisé sans des sens variés.
On parle de champ organisme/environnement pour signifier qu’un individu n’existe jamais sans un environnement, l’ individu sans environnement est une abstraction au même titre que l’étude des poumons sans considérer le corps global et le corps respirant dans un contexte donné. En ce sens, la G-T s’inscrit dans les approches globales dites holistiques.
La Gestalt-Thérapie évolue de plus en plus comme une approche du champ par différence avec les thérapies de l’intra-psychique.
Ex : patient : « j’éprouve de la gêne à vous parler de cela...(ou à pleurer devant vous)
Thérapeute n°1(orientation intra-psychique) : « décrivez-moi votre gêne,comment se
manifeste-t-elle ?où la ressentez-vous ?ça vous évoque quelles autres situations ?
Analyse : le patient est invité à s’introspecter, à se centrer sur lui-même pour explorer la thématique de la honte.Il est invité à prendre conscience de ce qui crée la honte chez lui, à prendre conscience de comment il la gère, etc...
Thérapeute n°2 :( version travail sur le champ) : « comment ai-je fait pour vous créer de la honte ? "
Analyse : le thérapeute centre le regard sur le champ, sur la co-construction de l’expérience vécue, sur la part du thérapeute dans l’émergence de la honte.
Dans le travail sur le champ, il va sans dire que des questions portent également sur l’intrapsychique. Le thérapeute passe d’un registre à l’autre, la psyché étant un des éléments du champ. Le fil conducteur est cependant une attention aux phénomènes de champ : il se produit un vécu, un échange patient/thérapeute .Il y a le moins possible d’a priori sur ce que chacun a déterminé, il y a une situation à explorer pour clarifier la part de chacun dans ce qui arrive.
La position du thérapeute centré sur l’intra-psychique consiste à regarder comment le patient est créateur de la situation.
La position du thérapeute centré sur le champ consiste à regarder comment la situation nous crée, comment nous sommes co-auteur de ce qui survient.
3 - Le self
La G-T s’appuie sur la théorie du self.
Le self gestaltiste est différent du MOI ou du SOI en ce sens que le self est considéré comme un PROCESSUS , ce n’est pas une structure.
Le self est le processus du « contacter » l’environnement, il est présent quand il y a contact entre l’organisme et l’environnement.
Le self , processus de contact, fonctionne sur 3 modes :
Je ne vais pas tout expliciter, mais développer quelques points qui expliciteront les spécificités de la G-T
désigne les besoins, appétits, pulsions, désirs.
c’est essentiellement une fonction qui se déploie dans le corps, d’instant en instant et se manifeste au travers des sensations (« je sens quelque chose qui monte jusque là » : geste de la main qui indique une sensation corporelle qui part de l’estomac et qui s’arrête au cou ou le thérapeute qui invite le patient à faire attention à son regard qui évite l’Autre)
MAIS
on parlera du ça de la situation, le ça naît de la situation patient/thérapeute et n’est pas considéré comme intemporel , comme inscrit au plus profond d’un être(comme par exemple GRODECK en a parlé)
dans la situation de co-présence patient/thérapeute, c’est ce qui pousse le patient (si on regarde du côté patient) vers ce thérapeute, à ce moment.
Exemple : si un patient choisit de me raconter un rêve ou un souvenir d’enfance,qu’est-ce qui le pousse à cela ?que cherche-t-il à me dire ou à vivre avec moi ? Le patient ne racontera pas la même chose à un autre thérapeute et s’il racontait son souvenir à plusieurs thérapeutes, il le ferait avec des mots différents, des expressions différentes.Qu’est-ce qui est animé en particulier avec ce thérapeute ? Que veut-il de lui ?Quel est son désir spécifique par rapport à ce thérapeute ?
à la lecture de l’exemple qui précède, on peut conclure que la G-T va davantage considérer la thérapie comme une expérience à vivre plutôt que comme une recherche de construction de sens.
La Gestalt-Thérapie insiste sur cette expérience à vivre, expérience qui va être déconstruite par les 2 protagonistes pour rendre à chacun ce qui lui appartient.La G-T met en garde contre une explicitation prématurée.Celle-ci clot l’expérience, empêche la nouveauté d’apparaître, empêche le spécifique à cette nouvelle situation de se déployer et de s’explorer.
On retrouve ici ce souci de redonner de la mobilité à l’émergence des gestalts, de débloquer la fixité de certaines gestalts.Ne pourrait-on pas dire « que le désir coule » ?
C’est sur ce mode que j’enregistre mes expériences,mon histoire et que je vais être capable de répondre à la question « qui es-tu ? ».C’est ce que je sais, à tort ou à raison, de moi, de mon expérience. C’est ce que je pense que je suis.
C’est évidemment beaucoup plus stable que l’épouvé du ça, mais néanmoins il y a remaniement permanent de cette image de moi au cours de mon existence.
Des dystorsions au niveau de la fonction personnalité limitent ou altèrent mon expérience du monde.Par exemple, si à partir de ce qu’on m’a dit , j’ai conclu ; « je ne sais pas peindre » ou « les hommes ce n’est par pour toi » , je vais organiser ma vie pour confirmer ces messages que j’ai introjetés.Je vais donc organiser ma vie (limiter ma vie) à partir de ces introjects.
C’est sur ce mode, qu’à partir de mon éprouvé (fonction ça) et du connu sur moi (fonction personnalité), je m’oriente vers le monde pour y faire des choix et des rejets.
Prenons un exemple : je ressens un besoin de m’exprimer ,de m’extérioriser,une gestalt en est aux balbutiements de son émergence(fonction ça).Mes modes d’expression les plus connus sont peindre ou parler à mon épouse ou à un ami.Je vais d’abord être dans une phase exploratoire où j’affine l’identification de ce que je désire et les possibilités, à ce moment , que m’offre mon environnement..Je suis donc intensément dans cette démarche d’exploration/orientation qui relève
Le contact est un concept central en Gestalt-Thérapie.La G-T. est souvent définie comme l’analyse des phénomènes de contact.
La gestalt-Thérapie s’intéresse « au processus du contacter » d’un organisme avec son Il s’agit donc d’une expérience de frontière individu/environnement.
Dans ma position de thérapeute,je vais m’intéresser aux perturbations du contacter,aux râtés du contact (il y aurait ici à expliciter les différents mode d’interruption du contact,appelés en psychanalyses mécanismes de défense.La G-T. parlera de confluence, d’introjection, de rétroflexion, de projection et de déflexion).
A partir de cette centration sur les modes du « contacter »,position phénoménologique, PERLS et GOODMAN vont redéfinir la psychologie comme l’analyse du contact entre un organisme et son environnement.La psychologie devient l’étude des phénomènes de frontière.
Il faut donc être bien attentif à la spécificité de cette conception du contact,de même que sa différence avec la notion de relation.
4.2- Le cycle du contact
Dans le cadre de la théorie du self, le cycle du contact ou cycle de formation/destruction d’une Gestalt peut être, à des fins didactiques, subdivisé en 4 phases :
A ce niveau,le corps , le sensoriel, sont souvent les plus concernés.
C’est à ce stade qu’on peut parler d’ajustement créateur entre l’éprouvé d’un organisme, ce vers quoi il tend et la prise en compte des potentialités et limites de l’environnement (on devrait aussi y ajouter les limites « intérieures » à l’individu :valeurs , introjects, etc ...).
Le besoin/désir est satisfait, partiellement satisfait ou la personne a conclu au renoncement à l’achèvement de cette gestalt.L’organisme entre dans la phase d’intégration de l’expérience,l’excitation décroît,il y a « digestion » de l’expérience.
Cette phase se termine par une sorte de vide fertile,où l’organisme est au repos.C’est après la traversée de ce vide « fertile » que peut émerger une nouvelle gestalt.
La G-T. a défini des dystorsions liées à des blocages aux différentes phases du cycle, elles peuvent être rapprochées des dystorsions au niveau des différentes fonctions du self.. On parlera de mécanismes de défense ou d’interruption du cycle du contact.
BIBLIOGRAPHIE
Les éditions L’exprimerie (Bordeaux) ne publient que des livres de Gestalt.
Il existe deux revues francophones : une publiée par le Collège Européen de Gestalt-Thérapie (L’exprimerie) et une autre par la Société Française de Gestalt.
Quelques références...